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ERIC-EMMANUEL SCHMITT - Livre 2018

Eric-Emmanuel Schmitt

1405/18

Il collectionne les succès en littérature et au théâtre. Eric-Emmanuel Schmitt, revient à Nice comme président du Festival du Livre du 1er au 3 juin. Une ville qu’il aime, où il prend plaisir à flâner. Et où de très nombreux lecteurs l’attendent. Son dernier livre « Madame Pylinska et le secret de Chopin », est un conte initiatique où la musique se révèle un apprentissage à la vie et à l’amour. Une histoire de vocation en parfait écho avec le thème du Festival cette année « Pourquoi écrire ? ».

Vous connaissez Nice ?

Je suis allé souvent rencontrer des lecteurs à Nice. A chaque fois, j’ai aimé me perdre dans les rues de la ville. Nice se « marche » avec bonheur. On s’y promène le nez en l’air, le nez aux aguets, ouvert aux odeurs, aux parfums. Il y a  des marchés extraordinaires. Et des restaurants gourmands. Curieusement, pour moi, la mer n’existe pas à Nice, elle est un tableau, un décor bleu (je ne me suis jamais baigné d’ailleurs). C’est vraiment la ville qui m’attire. Une ville d’artistes, d’écrivains, de musiciens. Je pense notamment à Romain Gary, à la petite pension que tenait sa mère Mina et qui a été une sorte de tremplin pour que son imaginaire, sa volonté de revanche s’envolent. A Stravinsky aussi qui y a composé. Mais où n’a pas vécu Stravinsky ? Il est vraiment le russe errant. Je connais l’opéra de Nice : un lieu magnifique qui abrite des productions lyriques de grande qualité. Vous comprenez combien je suis content de revenir.

Le thème de cette année est : « Pourquoi écrire ? »

C’est une question à laquelle je fais semblant de répondre depuis bien longtemps. Mais, au fond, demande-t-on à un pommier pourquoi il fait des pommes ? Pour moi, l’écriture est quelque chose de naturel. De tellement naturel que, pendant mon enfance, mon adolescence, tout le monde, parents, proches, amis, professeurs, avait compris, sauf moi, que j’étais écrivain. J’ai été « diagnostiqué » écrivain avant d’en prendre conscience. Pour moi écrire étant aussi naturel que de respirer, j’envisageais plutôt d’embrasser des professions qui me demanderaient des efforts. On pourrait donc dire que j’ai cédé à ma facilité. Je n’écris pas seulement comme un écrivain, je vis comme un écrivain. C’est à dire que les choses que je perçois nourrissent sans cesse mon imaginaire. La réalité prend vite les inflexions d’une phrase. Ce qui m’arrive s’organise assez vite en récit. C’est comme si il y avait une évidente alchimie qui transforme la réalité en texte.

Vous venez de publier aux éditions Albin Michel, Madame Pylinska et le secret de Chopin. De quel secret s’agit-il ?

Tous les grands compositeurs gardent en eux un secret qu’on ne peut pas forcément percer mais qu’il faut, disons, fréquenter. Car chaque compositeur nous fait approcher une conception du monde. En se frottant les oreilles à leur musique, on s’enrichit de leur mystère. Mozart amène une philosophie du bonheur, Beethoven une volonté, un héroïsme, de la joie, Debussy une renaissance de la sensualité, et Chopin nous entraîne dans un territoire intime où les sentiments palpitent, respirent. Il n’est vraiment pas un musicien qui fait du bruit. Il écrit presque la musique du silence.

Vous passez sans cesse d’une actualité à l’autre. Il y a un mois c’était les représentations des Mémoires d’un tricheur, de Guitry justement, que vous avez adapté et mis en scène. Il y a aujourd’hui la sortie de Madame  Pylinska. À la rentrée vous serez acteur dans l’adaptation de votre récit Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran. Vous n’arrêtez jamais.

Ca renvoie à cette question du « Pourquoi écrire ? » qui fait le thème du Festival. C’est sans doute pour avoir mille et une vies comme Figaro. Lorsque j’écris, j’agrège les vies supplémentaire de tous ces personnages qui traversent mon imagination. Jouer au théâtre, c’est la même chose. Faire des films, aussi. Je ne me disperse pas. Je m’accomplis.

TAGS : Festival du Livre