Villa Masséna, les salons historiques

Nichée au cœur de la promenade des Anglais, la Villa Masséna dévoile ses salons d’apparat et son riche patrimoine, témoins de l’élégance de la Belle Époque et de l’histoire niçoise.

La grande galerie

La grande galerie aveugle, au décor inspiré de la fin du XVIIIè siècle, s’inscrit dans le plan rectangulaire de la villa, et donne accès aux salons de réception. Les salons d’apparat, salon des portraits, grand salon et fumoir, se succèdent en enfilade, au midi. La salle à manger et sa véranda, à l’est, font pendant au bureau du prince d’Essling, situé à l’ouest. La grande galerie est ornée d’une frise peinte, influencée par l’Antiquité gréco-latine. Elle est l’œuvre d’Alexandre-Evariste Fragonard (1780-1850), fils de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), tous deux nés à Grasse.

Elle provient du château de la Faulotte, aux environs de Paris, pour lequel elle a été conçue au début du XIXè siècle.La statue en pied de Napoléon est la copie de celle inaugurée en 1805 au siège du Corps Législatif. Représenté en empereur romain, Napoléon tient le Code Civil. Le sculpteur de l’original, Antoine-Denis CHAUDET (1763-1810) est aussi l’auteur d’une autre effigie de Napoléon qui couronnait, sous le 1er Empire, la colonne d’Austerlitz, place Vendôme. Cette statue accueille le visiteur depuis la construction de la villa. Elle est encadrée par des torchères en bronze doré dues à Pierre-Philippe THOMIRE (1751-1843), considéré comme le meilleur bronzier français du règne de Louis XVI à celui de Louis XVIII.

Les deux grands tableaux évoquent les sympathies divergentes des habitants de Nice partagés entre les idées révolutionnaires et l’attachement à la Maison de Savoie et au catholicisme. Ignace THAON-DE-REVEL (1760-1835), qui a joué un rôle politique de premier plan sous la Restauration, a participé activement sous le commandement de son père, Charles-François (1725-1807), à la défense du Comté de Nice, lors de l’invasion française. Le tableau est dû à Frédéric CHIARLE.Grand-père du constructeur de la villa, le maréchal MASSENA, favorable à la Révolution, est ici représenté en tenue de cérémonie du premier Empire. Il s’agit d’une commande du Conseil Municipal de Nice (1809), exécutée par Louis HERSENT (1777-1860) en 1814.

Cabinet de lecture

Il a été aménagé en 1937 dans le style néo-empire de la villa Masséna pour accueillir la bibliothèque du chevalier Victor de Cessole qui venait d’en faire don à la ville de Nice.

Cette bibliothèque familiale a été constituée sur plusieurs générations par les Spitalieri de Cessole, une vieille famille niçoise apparentée aux Ripert de Montclar, aux Villeneuve-Vence et aux Sévigné.

Parmi les ouvrages bibliophiliques conservés, on relève sept incunables, de nombreux classiques français et italiens des XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des éditions rares des lettres de la marquise de Sévigné, la majorité des ouvrages des imprimeurs et éditeurs niçois. On relève aussi de nombreuses cartes géographiques anciennes et précieuses, des journaux locaux, des estampes régionales et un riche fonds photographique comprenant les clichés de montagne de Victor de Cessole (1859-1941).

Les décors provenant du château de Govone

Les éléments décoratifs les plus remarquables de la villa Masséna proviennent du château de Govone, situé à une cinquantaine de kilomètres de Turin.

Sous la Restauration Sarde, il est la propriété de Charles-Félix (1765-1831), qui règnera sur le royaume de Sardaigne (dont Nice fait partie) de 1821 à 1831. Avec son épouse, la reine Marie-Christine (1779-1849), il renouvelle la décoration du château, faisant appel aux meilleurs artistes piémontais.

En 1898, la municipalité de Govone, devenue propriétaire du château, vend à un antiquaire décors intérieurs et mobilier dont le Prince d’Essling achète la plus grande partie. Ces éléments sont répartis dans la salle à manger, le salon des portraits, le grand salon et le bureau du Prince d’Essling. C’est le cas de la plupart des boiseries, et en particulier, des spectaculaires portes de Francesco TANADEI, surmontées de trumeaux dues à Carlo PAGANI, représentant les génies des Arts, des trophées militaires et des scènes mythologiques.

La salle à manger

La salle à manger, au plafond à compartiments, dont l’aménagement a été conçu afin de répondre au mode de vie mondain du propriétaire des lieux, Victor Masséna, est prolongée par une grande véranda en hémicycle. Elle offre ainsi une vue dégagée et un accès direct sur les jardins par les terrasses.

Les murs sont décorés de panneaux en gypserie ornés de néréides et de porte-braséros reposant sur des dauphins, réalisés à la fin du XIXè siècle.
Les trumeaux proviennent de la chambre du roi à Govone.

Les consoles de style Empire en marbre rose ont des pieds en forme de sphinges. Ornent également la pièce une paire de jardinières attribuées à Giovanni Socci, œuvres florentines destinées à Elisa Bacciochi (1777-1820), sœur de Napoléon et grande duchesse de Toscane. Un meuble similaire est conservé au Palais Pitti, à Florence.

La pendule d’époque Empire, qui orne la cheminée, provient d’un atelier parisien, et représente Bacchus avec, en bas-relief, une bacchanale.

Les deux vases en porcelaine de Sèvres, de Charles-Etienne Leguay (1762-1846) ont un décor inspiré de deux œuvres du peintre François Boucher (1703-1770) figurant La naissance de Vénus et Vénus couronnée de roses par des Amours.

Le salon des portraits

Comme il est d’usage, les pièces exposées au midi forment une enfilade de salons. Une paroi coulissante permet de les séparer. A l’origine, le premier salon servait de salon de musique.

Le décor peint du plafond reprend, à quelques détails près, celui de la chambre de la reine au château de Govone qui était également orné des portes et des deux trumeaux. Trois grands portraits en pied donnent son nom au salon. Sur le mur nord, Napoléon 1er (1769-1821) est en costume du sacre. C’est l’une des nombreuses reproductions du tableau du baron Gérard (1770-1837) dont l’original est au château de Versailles (1805).

Sur le mur est, deux toiles représentent Napoléon III (1808-1873) et l’impératrice Eugénie (1826-1920). Les originaux peints en 1853 par Franz-Xaver WINTERHALTER (1805-1873) ont disparu mais de nombreuses copies ont été envoyées dans les bâtiments officiels.

Peintre favori des cours européennes, WINTERHALTER est l’auteur du célèbre tableau représentant Eugénie entourée de ses dames d’honneur (1855) où figure la mère du prince d’Essling, grande maîtresse de la maison de l’impératrice.

A la fin de sa vie, Eugénie sera souvent reçue dans ces salons par le prince d’Essling.

Sur la cheminée, la pendule (1806) attribuée à Pierre CARTELLIER représente « l’amour voilant les heures ».

Le grand salon

Principal salon de la villa, cette pièce de réception, située dans l’axe de l’entrée et de la perspective du jardin, donne sur la partie en rotonde de la terrasse.

Les fresques de la voûte sont une réplique de celle de la salle d’audience de la reine au château de Govone (1820) représentant dans le motif central Athéna conduisant un char, par Luigi Vacca (1778-1854).

Les portes, leurs encadrements et les trumeaux décorés des génies de la sculpture et de la peinture, à l’origine dans la salle d’audience de la reine, les deux consoles ornées d’aigle avec la croix de Savoie sur le poitrail, proviennent du château de Govone.

Quatre toiles de Paul-Louis-Narcisse Grolleron (1848-1901), commandées à l’artiste par le prince d’Essling, en 1901, rappellent les faits d’armes de son grand-père, le Maréchal Masséna :

la bataille de Rivoli (14 janvier 1797) où Masséna joue un rôle essentiel .

  • La signature de la reddition de Gênes (4 juin 1800) où Masséna obtient que la garnison quitte la ville avec armes et bagages.
  • La bataille d’Ebelsberg (3 mai 1809) entre Ratisbonne et Vienne, où Masséna commande l’avant-garde française.
  • La bataille d’Essling (21-22 mai 1809), aux portes de Vienne, où Masséna aux prises avec les pires difficultés, parvient à contenir un ennemi supérieur en nombre.

Sur la cheminée, une pendule, attribuée à Pierre-Philippe Thomire (1751-1843) et Jean Guillaume Motte (1746-1810) représente deux vestales brûlant de l’encens en l’honneur de Vesta.

Le fumoir

Ce salon présente un plan carré à pans coupés. Les boiseries peintes des angles, à sujets mythologiques, datent de l’époque Directoire et proviendraient de l’hôtel de Roquelaure à Paris, commandées par Jean Jacques Régis Cambacérès (1753-1824). Les boiseries ont été complétées vers les années 1900.

On a disposé au centre de la pièce un guéridon à décor de sphinges en bronze doré (vers 1803), œuvre majeure de François-Honoré Jacob (1770-1841), principal ébéniste du 1er Empire. Sous Napoléon, il fit partie du mobilier du Palais des Tuileries à Paris, avant de garnir le château de Villeneuve-L’Etang, propriété de la duchesse d’Angoulême (1778-1851).

Les deux fauteuils et les deux chaises d’époque premier Empire estampillés Georges I Jacob (1739-1814) ont été fabriqués pour l’archi-chancelier Cambacérès, afin d’orner son hôtel du faubourg Saint-Germain.

Un secrétaire et une console 1er Empire sont disposés contre les murs. Cette dernière supporte un vase (vers 1800) attribué à Claude Galle (1759-1815), décoré d’une bacchante, de satyres et de centauresses.

Au fond de la pièce, les deux jardinières semi-circulaires datent également du 1er Empire, comme la pendule sur la cheminée, signée Lefèvre et Debelle (Paris), qui représente Diane chasseresse.

Le bureau du Prince d’Essling

Le bureau du prince d’Essling, dont l’aménagement reflète le goût de Victor Masséna pour la décoration d’intérieur du début du XIXè siècle, comprend une porte et des trumeaux provenant du château de Govone. La paire de fauteuils, de facture italienne, est décorée de tête de béliers.

Les portraits du Prince et de la Princesse d’Essling (1902) sont dus à François Flameng (1856-1923), auteur également des deux grandes peintures marouflées ornant l’escalier d’honneur. François Flameng, élève de Cabanel et de Laurens, a réalisé de nombreux tableaux d’histoire et des portraits mondains qui lui apportèrent la notoriété. Il a participé à la décoration murale de la Sorbonne, du Palais de Justice et de l’Opéra comique à Paris.

Le buste en bronze de Napoléon est une réplique de celui d’Antoine-Denis Chaudet (1807).

Les deux vases en porcelaine de Sèvres, de la première moitié du XIXème siècle, présentent une scène de cabaret et un paysage bucolique avec un château.

La pendule de Pierre Cartellier (1757-1831) porte l’inscription : « L’heure de l’Amour est bien près de sonner ».

L’Escalier d’honneur

De part et d’autre de l’escalier monumental, deux grandes toiles marouflées représentent la famille Masséna.

Sur celle de gauche, le maréchal est représenté statufié entre deux colonnes. Les personnages représentés sont, de gauche à droite :

  • Napoléon Ney, prince de la Moskowa (1870-1928).
  • Claude Ney, duc d’Elchingen (1873-1933).
  • La princesse d’Essling, née Anne Debelle (1802-1887), mère du prince Victor, constructeur de la villa.
  • Son père, Victor, prince d’Essling (1799-1863).
  • Victor, duc de Rivoli, puis prince d’Essling (1836-1910), le constructeur de la villa.
  • Sa fille aînée, Anne (1884-1967) qui épousera Louis Suchet, duc d’Albufera.
  • Paul Murat (1883-1964).
  • Marguerite Murat (1893-1964).
  • La princesse Joachim Murat, née Cécile Ney d’Elchingen (1867-1960).
  • Rose Ney d’Elchingen (1863-1938), future duchesse de Camastra.
  • Charles Murat (1892-1973).
  • Eugène Murat (1875-1906).
  • Mme d’Attainville ( ? – ?).
  • La princesse de la Moskowa, née princesse Eugénie Bonaparte (1872-1949).

Sur la toile de droite sont représentés, de gauche à droite :

  • le prince Joachim Murat (1856-1932).
  • Alexandre Murat (1889-1924).
  • La comtesse Reille, née Anne Masséna (1824-1902).
  • La princesse Eugénie Murat, née Violette Ney d’Elchingen (1878-1936).
  • Victoire Masséna (1888-1918), future marquise de Montesquiou, fille de Victor Masséna.
  • André Masséna, prince d’Essling (1829-1898), frère aîné du prince Victor,
  • André Masséna, fils du prince Victor et futur prince d’Essling (1891-1974).
  • Sa mère Paule, princesse d’Essling, née Furtado-Heine (1847-1903)
  • Louis Murat (1896-1916).
  • Jérôme Murat (1898- ?).
  • Pierre Murat (1900-1948).
  • Joachim Murat, futur prince Murat (1885-1938).
  • La duchesse Germaine d’Elchingen, née Roussel (1873-1930), sœur de l’écrivain Raymond Roussel (1877-1933).

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