Exposition 115°5, la baie des Anges ou l’évolution du paysage

Histoire d’un trait de côte

Arc de 115°5, ainsi s’intitule l’œuvre de l'artiste Bernar Venet présentée au jardin Albert-I^er. De prime abord énigmatique, cette sculpture monumentale reprend la courbe de la baie des Anges. À l’instar des baies d’Halong, de Rio ou de San Francisco, la baie de Nice est mondialement connue pour sa qualité paysagère et pour sa mythique promenade des Anglais. Le rivage que nous contemplons actuellement est le résultat d’une double combinaison. D’une part, l’action de la nature qui a peu à peu comblé le golfe de Nice et gagné des terres sur la mer offrant de nouvelles perspectives aux Niçois. De l’autre, la main de l’homme qui, à partir du milieu du XIX^e siècle, a progressivement aménagé la grève voire parfois construit sur l’eau et gommé les obstacles (fleuves, vallons, rochers jusqu'à la mer). Cette exposition propose de comprendre les transformations de la bande littorale depuis Rauba-Capèu jusqu'au fleuve Var.

Parcours de l’exposition

Le rivage que nous contemplons aujourd’hui est le résultat de deux facteurs : le facteur naturel et le facteur humain.

Le facteur naturel, qui est de loin le plus important et le plus impactant, est expliqué à grâce à une vidéo relatant les phénomènes de transgression ou de régression marine et d’alluvionnement. Elle répond à des questionnements comme : si le niveau de la mer monte, pourquoi avons-nous gagné des terres ? pourquoi y a-t-il des galets à Nice ?

Une maquette, prêtée par les Archives Nice Côte d’Azur, permet ensuite de prendre la mesure du contexte géographique du cap de Nice au Var (fleuves, vallons, collines dont celle du Château).

Le facteur humain, intervenu surtout depuis le 19e siècle, est ensuite abordé de manière immersive avec :

Un mur de cartes montrant l’évolution du rivage et, surtout, l’aménagement progressif de la bande littorale.
Une mise en situation illustrant ces aménagements à travers les photographies de quatre sites emblématiques et leur évolution au cours du temps :
- Les Ponchettes
- L’embouchure du Paillon
- Sainte-Hélène
- Le Var
Une table numérique permettant de comprendre les transformations, au fil du temps, des zones allant du Var à la colline du Château.
Une carte animée retraçant l’évolution du littoral.
Une douche sonore diffusant des textes qui font revivre les obstacles naturels rencontrés par les hommes.

Zoom sur l’évolution du littoral en 2.45 mm

Les hommes et le littoral : les principales transformations depuis la fin du XVIIIe siècle

Copyright : Pentacles production

Zoom sur Nice et les éléments naturels

Extrait des lectures de la douche sonore :

Si le destin de Nice est désormais lié à l’aménagement de la vallée du Var, on a perdu l'habitude de regarder vers le Paillon qui est de moins en moins la route de l'Italie ou de la neige. Cependant Nice doit tout à ce torrent fantasque capable d'apporter à la mer 40 litres d'eau par secondes en été et plus d'un million de litres à la seconde quand il se fâche au cours d'un gros orage. Caché à la vue des Niçois par des esplanades de béton, le Paillon a toujours une influence sur le développement de NICE. NICE est en effet fille du PAILLON.

Extrait de propos recueillis de Paul Castella, 1993.

La mer présentait aussi un aspect grandiose. Des vagues énormes venaient déferler sur le rivage avec une furie telle qu’elles montaient en écumant sur le quai du Midi et sur le promenade des Anglais. Les cabines des établissements de bains avaient été retirées à temps, en lieu sûr ; néanmoins, la mer a emporté les passerelles, planchers et autres parties du matériel de ces établissements.
Ce qui est plus grave : les vagues ont battu en brèche et démoli sur une certaine longueur le mur de soutènement de la promenade des Anglais, près du pont Magnan. […]
Et pendant ce déchaînement de tous les éléments, Béchamel, au 2e acte d’Odette, dont, c’était justement la première au Théâtre-Français, s’écriait, au cours de ses boutades : « La mer de Nice ? C’est un lac. – Le Paillon ? Un séchoir… »

Ah ! Monsieur Sardou, que n’étiez-vous hier à Nice !

Extrait du Petit Niçois, 28 octobre 1882.

Le Var est un fou et un gueux, propre à rien et qu’on ne peut mettre à la raison !
Vauban, 17e siècle.

Retrouvez dans l’exposition les 19 textes lus par les acteurs de la troupe de théâtre de La Semeuse qui font revivre les obstacles naturels rencontrés par les hommes avant leur disparition progressive au cours des deux derniers siècles avec l’endiguement des fleuves, la couverture des cours d’eau...