Villes vivantes, histoires de réconciliation entre ville et nature

Cette exposition, après "Espaces possibles", est notre seconde collaboration avec le centre d'architecture et d'urbanisme de Lille, le WAAO. Elle marque également une première coopération avec nos homologues de Turin, l'Urban Lab Torino. Son commissariat en a été confié à l'agence d'architecture niçoise nommos.

Responsabilité de l'occupation humaine des territoires

Le Forum questionne régulièrement le rapport de l'architecture aux grands équilibres dans lesquels elle s'insère. Avec "Villes vivantes", il aborde la question de la responsabilité de l'occupation humaine des territoires dans la poursuite ou non des bouleversements des fragiles équilibres au sein du monde du vivant, ceux-là mêmes qui nous maintiennent nous aussi… en vie. L'actualité nous ouvre les yeux sur l'ampleur inédite des bouleversements climatiques, qui invite les acteurs du cadre de vie à reconsidérer nos grandes certitudes en matière d'architecture, d'urbanisme et de paysage. La force de la réalité est telle qu'il s'agit bel et bien d'inventer de nouvelles manières d'habiter le monde, en "réparant" ce découplage qui s'est produit entre l'activité humaine et les équilibres de la nature.
 
L'exposition nous emmène successivement dans deux parties, pour nous conduire du général au particulier.

Elle s'ouvre sur une déambulation dans huit villes à travers le monde (Barcelone, Bogotá, Detroit, Groningen, Lille, Marrakech, Shanghai et Toulouse), qui nous montrent comment elles tentent de rompre avec un anthropocentrisme de l'aménagement pour reconsidérer un "déjà là" de la nature qu'elles avaient désappris à voir. Un point de vue précis est mis en lumière à chaque fois (le rapport à un fleuve, la prise en compte du climat, la réactivation par la nature de "jachères urbaines" dépeuplées, la renaissance d'un regard sur le paysage marqué par la spiritualité, l'attention portée à la biodiversité...), qui sert de point d'appui à une forme de rédemption positive, par laquelle ces villes redimensionnent leur relation au vivant pour influer de manière corrélée sur leur façon d'évoluer. Il en ressort une forme d'état général des rapports de villes au vivant.

Le particulier est celui de deux villes, pour lesquelles cette même approche d'une thématique précise permet de poser des pistes pour une réconciliation avec ce même vivant.

Le cas le plus détaillé est celui de Nice, avec le rapport à l'eau comme fil conducteur de cette "renaturation" de notre pensée sur la ville : l'eau nourricière, l'eau plaisir mais aussi l'eau catastrophe. Comment non seulement "faire avec", mais surtout, comme au judo, retourner la force de l'autre pour en faire notre propre force.
Parallèlement aussi dans un territoire élargi déterminé par la géographie, par l'histoire et par une forme de "sororité urbaine", l'exposition porte son regard jusqu'à Turin, afin de voir en détail comment celle-ci également met en action une (ré)conciliation avec le vivant, notamment autour de la question du végétal et de l'agriculture de proximité.
 
L'idée sous-jacente est de partager un diagnostic dont nous-mêmes, acteurs possibles du changement, pouvons nous saisir pour mettre en œuvre une forme d'entente avec le vivant afin d'assurer un développement plus harmonieux de nos villes, en phase avec des équilibres trop longtemps malmenés qu'il est indispensable de rétablir. Non seulement car la raison l'impose, mais aussi (et surtout) car c'est une des clés possibles vers une meilleure qualité de vi(ll)e. C'est le propos de l'exposition, qui sera ouverte déjà tout l'été, mais également celui des six semaines de conférences, de débats, de visites urbaines ou d'ateliers qui se dérouleront en septembre et octobre prochains.

© Agence TER